Nationale Informationsstelle zum KULTURERBE NIKE

Une histoire des maisons déplacées ressemblerait à une revanche de la nostalgie. Celle de la maison Senn, qui passa du chemin des Eaux-Vives aux hauteurs de Genthod, fut la conséquence du coup de coeur profond d’une aristocrate qui ignorait tout de la lutte des classes. Qu’importe si le constructeur, le bourgeois François-Louis Senn appartenant au «clan des indienneurs» fut l’un des artisans de la révolution de 1782 à Genève, qu’importe s’il fut exilé, la maison qu’il fit édifier en 1781 avait bien l’apparence des maisons patriciennes avec son ordre ionique, son fronton cintré tourné vers le lac et son escalier à double rampe.

Théodora de Saussure, veuve d’Edmond De la Rive, fit acheter la maison en 1906 et confia à l’architecte Edmond Fatio, excellent connaisseur des maisons de maître de Genève, le soin de réaliser son rêve: vivre comme au 18e siècle, face au Mont Blanc et au-dessus du lac. L’architecte fit remonter la maison pierre par pierre et dessina deux pavillons symétriques reliés par des murs de pierre de Meillerie, qui sont en quelque sorte sa signature. Pour sceller l’opération, les armes de Saussure et De la Rive furent sculptées sur le fronton, soulignées par les dates de 1781 et 1908.

La Commission des monuments, de la nature et des sites, qui a orienté les travaux en cours, présentera aux visiteurs l’histoire de cette maison classée et exposera avec l’architecte les questions liées à sa restauration: réfection de l’enveloppe, adaptation de l’intérieur aux besoins actuels, choix des matériaux et aménagement du jardin.